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sent, comme vous le voyez, sur un vaste système de garanties dont les bases inébranlables sont dans l’ordre civil. Nul ne peut être atteint dans sa personne ou dans ses biens par un acte de l’autorité administrative ; la liberté individuelle est sous la protection des magistrats ; en matière criminelle, les accusés sont jugés par leurs pairs ; au-dessus de toutes les juridictions, il y a une juridiction suprême chargée de casser les arrêts qui seraient rendus en violation des lois. Les citoyens eux-mêmes sont armés, pour la défense de leurs droits, par l’institution de milices bourgeoises qui concourent à la police des cités ; le plus simple particulier peut, par voie de pétition, faire monter sa plainte jusqu’aux pieds des assemblées souveraines qui représentent la nation. Les communes sont administrées par des officiers publics nommés à l’élection. Chaque année, de grandes assemblées provinciales, également issues du suffrage, se réunissent pour exprimer les besoins et les vœux des populations qui les entourent.

Telle est l’image trop affaiblie, ô Machiavel, de quelques-unes des institutions qui fleurissent aujourd’hui dans les États modernes, et notamment dans ma belle patrie ; mais comme la publicité est de l’essence des pays libres, toutes ces institutions ne pourraient vivre longtemps si elles ne fonctionnaient au grand jour. Une puissance