Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/136

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monnaie[1], ils ne s’étaient encore assimilé rien de ce qui distingue une vraie vie d’État, supérieure aux simples usages patriarcaux.

La rapide arrivée en Valachie de nombreux éléments : prélats, lettrés, nobles, guerriers, que la conquête turque chassait de leurs patries balcaniques, dut amener un changement presque inopiné. Il y eut bien sous Laïco, protecteur du siège latin d’Arges, qui employait une chancellerie latine empruntée à la Hongrie et scellait même ses actes, ses traités, d’un sceau avec-une inscription latine, une légère inclination de la balance du côté de l’Occident ; mais l’Orient trouva bientôt quatre chemins différents pour envahir la vie roumaine.

Il y eut d’abord l’influence directe de Constantinople, qui, sous les Paléologues, devait reprendre, avec de si faibles moyens matériels, l’ancien programme de la domination romaine. Le « despotat » était un moyen de réunir tout ce qui s’était formé d’indépendant dans la péninsule balcanique à la vie Byzantine, à la dynastie qui la représentait et l’incarnait ; car ce titre de despote, avec le droit de porter la pourpre sur le vêtement et la chaussure, de faire broder l’aigle bicéphale des empereurs sur les chlamydes, les cnémides et les brodequins, n’était accordé qu’à ceux auxquels on avait fait l’honneur du mariage avec une princesse impériale. Mircea, le fils de Kallinikia, porte donc dans son portrait du couvent de Cozia un costume de chevalier franc selon la mode introduite en Hongrie par les Angevins, mais sur sa tunique de pourpre l’aigle se détache en broderie d’or ; on a vu déjà que, étant « despote », il avait

  1. Cette monnaie s’appelait le « ban » qui circulait pour les petites transactions, tandis que l’aspre et Phyperpère de Byzance (le mot perper, parpar, resta jusqu’à notre époque dans le nom d’un impôt sur les vignes, le parparit) servaient pour les gros prix.