Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/138

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broderies, ornées du portrait du prince et de sa femme, dont le caractère d’ « autocrates » est affirmé par une légende grecque. Comme Jean VII, empereur de Cons-tantinople, associé à son père, le très vieux César Manuel, passa, en revenant d’Occident, par la Moldavie, vers le port de Chilia, on parla plus tard, non seulement de telle image dont il avait fait don à son hôte et qui continuait à faire des miracles dans le grand couvent de Neamt, mais aussi d’un acte de reconnaissance solennelle accordé à l’État et à l’Église moldaves.

Byzance avait aussi un moyen indirect de continuer son influence. Qu’étaient, en effet, ces États slaves du Danube, ces royaumes et ces Tzarats, sinon des contrefaçons de ses institutions ? Avant de périr, le despotat serbe venait justement de donner une nouvelle école de clercs, celle d’Etienne le philosophe, contemporain du grand Patriarche bulgare Euthyme, et, par leur « Tzarat » de Vidin, les Bulgares conservant encore des traces de la civilisation byzantine, s’étaient rapprochés des possessions du prince valaque.

Entre les actes de Stachimir, prince de Vidin au milieu du XIVe siècle, entre ceux du despote Etienne, fils de Lazare, et entre les premiers actes des Voévodes de Valachie, il n’y a aucune différence : même forme, même style, mêmes ornements. La langue est, d’un côté comme de l’autre, l’ancien slavon de Méthode et de Cyrille, ce dialecte de Macédoine dont les apôtres instinctifs du slavisme avaient fait une langue lithur-gique, une nouvelle forme canonique de l’Ecriture Sainte, et qui avait dû envahir les chancelleries à une époque où l’État et l’Église n’étaient pas encore séparés comme plus tard au temps de la Renaissance.

On peut aussi se demander si c’est Constantinople seule qui donna à la principauté valaque les titres et les attributions de ses officiers et dignitaires, tels