Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/140

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d’Etienne-le-Grand pour que la hiérarchie adoptée déjà par les Valaques passât dans l’autre principauté.

L’église d’orient et les roumains.— Avant la fondation de la principauté de Valachie, les Roumains n’avaient que des églises de bois, et le clergé était formé uniquement de prêtres, d’origine paysanne, consacré à l’aventure, par des « exarques » plus ou moins canoniques, qui vivaient dans les monastères, comme ces « pseudo-évêques » que mentionne dès le commencement du XIIIe siècle un bref du Pape. Des ordonnances impériales avaient bien attribué, ainsi que nous l’avons déjà dit, au XIe siècle, des droits de surveillance au Patriarche de Silistrie, qui devint bientôt le simple Métropolite négligé d’un ville appauvrie, et à son suffragant, l’évêque de Vidin ; mais on pense bien que celui qui devait réciter les prières devant l’autel rustique ou devant une de ces croix de bois au dessin naïf qui orne encore les grandes routes, ne pouvait pas venir du fond de la Moldavie future pour demander la consécration à ce chef hiérarchique.

Aussitôt cependant qu’il y eut un prince à Arges, il sentit le besoin d’avoir auprès de lui un archevêque, car l’un était, selon les idées de l’époque, le complément de l’autre. Non pas un évêque latin, car c’eût été donner à entendre que la nouvelle principauté était dans la dépendance du royaume de Hongrie, nais bien un Métropolite orthodoxe, pour affirmer ainsi, non seulement le caractère oriental de la religion chrétienne dans cette région, mais aussi 1’ « autocratie » du voévode. Or le Patriarche œcuménique, dont l’action était déterminée par les même motifs d’impérialisme byzantin que celle de son César, n’était guère disposé à admettre une pareille prétention, contraire à l’idéal de domination romaine de l’Empire