Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/164

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intérieure : pièce d’entrée, pronaos, naos, autel, sont dus au Mont Athos, où l’on trouve des constructions plus récentes qui ont le même aspect. La tour qui se détache d’un mouvement si alerte est cependant bien occidentale, de même que le robuste clocher, pris dans le mur d’enceinte, et dont la vaste porte donne accès dans la cour du monastère, clocher qui rappelle les constructions militaires et religieuses de la Transylvanie saxonne. Les ornements linéaires du gothique le plus récent, qui encadrent la porte, les fenêtres, dont certaines, sur la façade, sont d’un beau caractère fleuri, sont empruntés aux Allemands de Hongrie.

En ne considérant que ces détails, l’église moldave paraît donc une copie de celles qui, au-delà des Carpathes, désignent parfois la place où le grand Hunyady remporta des victoires sur les Turcs (celle de Szt-Imre, par exemple, ou celle de Feleac). Si l’on pénètre dans l’intérieur, dans le sombre intérieur humide, sur lequel se projettent à peine des rayons rares par les fenêtres étroites, on retrouve la même église byzantine que sur n’importe quel autre point du domaine de l’orthodoxie. Les murs sont recouverts d’une peinture — conservée à Papauti, compris aujourd’hui dans la ville de Botosani, à Dobrovat, dans le district de Vasluiu, — où se mêle le ton dur des bleus foncés, des verts profonds, des rouges effacés, pour donner des milliers de figures et de scènes se poursuivant dans l’ordre fixé par un code invariable. Au fond, l’iconostase de bois doré, comprenant, dans plusieurs registres, au-dessus des portes de l’autel, les images principales, est travaillé par des mains d’une infatigable piété, avec ses fleurs variées, ses fruits en plein développement, ses rameaux enchevêtrés d’une manière indéchiffrable, ses figures de lions et de griffons. On a abandonné l’usage byzantin du XIVe siècle qui, comme