Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/183

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combat aux détachements de cavalerie qui le poursuivaient. Ame profondément honnête, il croyait avoir le droit de s’adresser à l’Empereur, envers lequel il n’avait commis aucun acte de trahison, pour lui demander le châtiment des officiers, qui, sans ordres, et même sans aucun prétexte, l’avaient attaqué. Il se rendit, avec quelques-uns de ses derniers fidèles, à Vienne, à Prague, pour y recevoir aussitôt la nouvelle, qui dut être un baume pour son cœur meurtri, que la victoire de Basta, trompé comme un enfant par la perfidie des aristocrates magyars du pays, n’avait fait que rouvrir à Sigismond les portes du pouvoir.

On était cependant bien décidé, quoique cette Cour fût habituée aux ambages, à ne pas souffrir cette dernière injure. On offrit à Michel les moyens pécuniaires dont il avait besoin pour se faire une nouvelle armée, dans laquelle les siens étaient à peine représentés, et on arriva à le convaincre que Basta, son vainqueur, pouvait devenir un sincère collaborateur et un ami. Le grand effort vengeur du Voévode gagna à l’Empereur, par la victoire de Goraslau (Goroszlo), en juillet 1601, cette province si convoitée par toutes les ambitions. Mais, lorsqu’il s’agit de fixer les plans ultérieurs de la campagne, le général albanais s’arrangea pour entrer en conflit avec le « Valaque » ; mais celui-ci ne consentait pas à se laisser arrêter comme un simple subordonné ; il fut éventré par les hallebardes des Wallons de Flandre et des Hongrois d’un détachement chargé formellement de l’assassiner (18 août). On jeta sur la charogne pourrie d’un cheval crevé le corps de Michel, et il fallut que des mains pieuses dérobassent à la vigilance des profanateurs sa belle tête énergique pour qu’elle pût être déposée dans l’église du serment à Dealu, où l’inscription rappelle encore que « son corps gît dans la plaine de Turda, sur laquelle les Allemands l’ont tué ».