Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/198

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prose, le premier ouvrage de poésie roumaine qui eût passé sous les rouleaux d’une typographie, son Psautier versifié (1673). S’il fut inspiré par les versions similaires parues en Pologne, il adopta le style même de la chanson populaire. Son œuvre est de beaucoup supérieure, non seulement aux chants des calvinistes du Banat, qu’on employait dans les écoles officielles d’outre-monts, mais aussi à ces premiers essais de poésie savante, à la façon des Dédicaces latines, qu’avait risqués Miron Costin dans sa chronique, et aussi lés éditeurs de livres religieux qui faisaient au prince l’hommage de leurs quatrains.

Dosithée, enfin, prit l’initiative d’introduire le roumain dans la liturgie elle-même, dans l’office religieux, qui avait été célébré jusqu’à ce moment exclusivement en slavon. Sa publication liturgique, parue à Jassy en 1679, n’eut pas, bien entendu, le même accueil partout ; elle rencontra, au contraire, une forte opposition dans les milieux officiels, mais elle inaugura du moins un mouvement destiné à rendre intelligible au peuple cette belle littérature simple de l’Église, qui remplaçait pour lui tous les autres moyens de la culture spirituelle.

Cette activité littéraire dans le domaine religieux fut dignement couronnée par la Bible de 1688, pour la rédaction de laquelle un comité de boïars et de prélats avait été institué par Serban Cantacuzène et qui employa d’une manière critique toutes les versions antérieures. L’une d’elles, toute récente, sur le texte grec, était due à un élève de l’école slavone des Trois Hiérarques à Jassy, le boïar Nicolas Milescu, qui, après avoir écrit même tel opuscule en latin pour l’ambassadeur français de Stockholm, préoccupé de la querelle entre Jansénites et Jésuites, passa à Moscou pour y être le conseiller de Pierre-le-Grand et le premier compilateur d’ouvrages scientifiques dans cette Russie dont