Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/208

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à la conclusion de la paix, pendant une vingtaine d’années, la Valachie, malgré les troubles provoqués en Transylvanie, par le fils de la femme de Tököly, François, héritier des Râkoczy, qui, d’intelligence avec les Turcs, avait relevé le drapeau de l’indépendance nationale, n’eut à souffrir que des incessantes exigences des maîtres ottomans qui réclamaient des provisions, du bétail, des auxiliaires, de l’argent. Brânco-veanu était toujours à sa place lorsqu’il s’agissait de rendre les honneurs au Vizir, au Khan des Tatars, à la personne impériale du Sultan lui-même.

Plus tard il eut à supporter une grande partie des charges qui retombèrent sur les pays roumains au moment où Charles XII, vaincu à Pultava, vint se réfugier, en 1709, sur le territoire de la forteresse turque de Ben-der, dans le village moldave de Varnita. Toute une petite armée l’entourait, ayant à sa tête les officiers et les dignitaires qui avaient accompagné le roi dans sa grande aventure orientale ; les Polonais, restés fidèles à sa cause, demandèrent des quartiers dans la principauté, et le souverain que Charles vainqueur avait imposé à la nation, Stanislas Leszczynski, vint trouver son protecteur dans la modeste demeure du cet exil. Les Cosaques du Hetman Mazeppa, qui mourut en Moldavie et fut enterré dans l’église de Saint-Georges à Galatz, établirent leurs tentes sur cette terre de Bessarabie ; des émissaires de toutes les nations, des aven-riers, des intrigants, des espions affluèrent à Varnita. II fallut que le Trésor princier et les malheureux paysans de la Moldavie prissent le soin d’entretenir tout ce monde exigeant, dont on admirait la vaillance, tout en gémissant sous le poids des impôts et des réquisitions.

De ce séjour du Roi de Suède en Moldavie devait résulter bientôt, en 1711, une guerre entre Russes et