Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/216

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qui s’était entendue à Tilsit avec le dictateur, n’hésita pas à occuper la Moldavie à titre de gage, mais avec la résolution ferme d’en faire, avec la Finlande, une compensation pour l’expansion effrénée de l’Empire français. Il en résulta, dès 1807, une guerre avec les Turcs, qui la conduisirent, du reste, d’une manière très molle ; et, tout en agitant l’ancienne idée de la Dacie, unie sous le Grand-Duc Constantin ou sous l’archiduc autrichien Jean, avec la Transylvanie au besoin, on décréta l’annexion, reconnue solennellement au Sénat français par Napoléon, des deux Principautés à la Russie.

Pendant trois ans, le Tzar Alexandre put croire que rien ne serait changé à cette situation. Après les scènes d’amitié de l’entrevue d’Erfurth et le nouveau projet d’un partage de la Turquie, il fallut le conflit entre les deux Empereurs et la campagne de Russie en 1812 pour épargner au territoire roumain une perte plus étendue que celle de cette région entre le Pruth et le Dniester à laquelle on attribua le titre de Bessarabie. Le Grand Vizir avait risqué une offensive, qui fut arrêtée net par le général Marcov ; toute son armée devint prisonnière, et, bien que le Sultan Mahmoud s’obstinât à garder les places du Danube inférieur, il fallut bien, puisqu’Andréossy, l’émissaire de Napoléon, tardait encore, conclure, le 28 mai 1812, le traité de Bucarest. Ainsi qu’on le voit, pendant une bonne moitié du XVIIsiècle, les Roumains durent subir l’invasion étrangère, un régime qui était presque celui de l’annexion, des contributions extraordinaires, des charges insupportables, tous les maux que peuvent produire l’oppression et l’insécurité. Finalement, leur territoire se trouva diminué de la Moldavie septentrionale, devenue autrichienne, et de la Moldavie orientale, devenue russe ; de l’ancienne principauté d’Etienne-le-Grand, s’étendant de Halicz au Danube et des Carpathes au Dniester, il ne restait qu’un tronçon. Quant à la Valachie,