Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/226

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mois l’administration des deux Principautés, créa une armée nationale, où il y avait cependant aussi des Serbes, des Arnautes, des Transylvains ; il rêva d’ètre roi de la Dacie et même de la Serbie révoltée contre les Turcs. Sa mère appartenait à la famille Vacarescu, étant proche parente du poète Jean, et l’on peut voir dans ses intentions l’influence des projets formés par les boïars indigènes en 1791.

Décadence de la civilisation nationale dans les principautés au XVIIIe siècle.— Malgré ces preuves éclatantes d’une nouvelle conscience nationale, ce n’était ni le prince, ni les boïars qui pouvaient continuer et développer la civilisation roumaine, alors en pleine décadence dans les deux Principautés. Le premier, toujours en mal d’argent et toujours menacé par des intrigues, n’avait ni les moyens, ni le loisir nécessaire pour élever des monastères ou des palais d’un nouveau style, dans lequel seraient entrés des éléments empruntés aux courants d’art de l’Occident ; on n’eut que deux seules fondations princières de quelque importance : Pantelimon, près de Bucarest, et Frumoasa, au bas de la colline de Cetatuia, à Jassy, toutes deux dues à la piété libérale de Grégoire Ghica II. Si Nicolas Maurocordato confia la mission d’écrire la chronique de son règne à Nicolas Costin, fils de Miron, puis au secrétaire Axintie, s’il fit rédiger une chronique valaque correspondante par le Vornic Radu Popescu, déjà auteur de Mémoires personnels, s’il ordonna de rassembler en un corps de récits toute la tradition historique de ces pays, dont il avait appris la langue pour mieux connaître — ainsi qu’il le déclare lui-même — leur passé, ce prince, qui écrivit des traités de morale en grec, ne put pas donner une impulsion durable à ce genre, qui devait se perdre bientôt dans l’aridité croissante d’une vie politique nulle, dont les