Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/228

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Grecs, Serbes, Bulgares, envoyés par l’Orient. Ces artisans, ces marchands enrichis ont inscrit leurs noms seulement sur les frontispices des quelques églises bâties par eux. Cependant certains petits boïars sortis de ce milieu chantaient dans des vers prosaïques l’épopée, plutôt burlesque, du « Grand conquérant » Maurogéni ou déploraient, comme l’Anonyme qui signe « Le Roumain zélé » (Zilot Românul), les malheurs du temps.

Quant aux paysans, on venait à peine de leur rendre cette liberté que leur refusaient certains de leurs propriétaires, les confondant avec les troupeaux de leurs Tziganes esclaves. En 174(i, on promit, en Vala-chie, la liberté aux serfs fugitifs qui auraient regagné leurs foyers ; ils ne devraient désormais que la dîme et six jours de travail par an. Bientôt, un acte solennel arraché par le même prince Constantin Maurocordato aux boïars reconnaissait que ces paysans avaient été « asservis par une mauvaise coutume » ; en payant dix piastres ils pouvaient se racheter. Enfin une troisième mesure, prise par le jeune Maurocordato en Moldavie décréta que la terre appartenait de fait aux paysans qui en ont hérité, tout en reconnaissant que la défense de quitter la glèbe faisait partie du droit usuel. Il fut désormais interdit d’employer, pour les désigner, un autre terme que celui de villageois ; des règlements fixèrent à vingt-quatre et même à douze jours par an la quotité du travail dû par ce villageois, astreint à la dîme, dont étaient exemptés, du reste, ses jardins de légumes et les vergers qu’il avait plantés. Il faut ajouter que c’était une mesure fiscale, destinée à arracher au boïar son paysan pour le rattacher de nouveau directement à l’État.

La poésie populaire chantait bien l’héroïsme du haï-douc, du paysan en rupture de ban envers le boïar aussi bien qu’envers le fisc, qui faisait œuvre « démocratique »