Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la forêt contre ses oppresseurs, mais pour que cette classe pût accomplir une œuvre solide de civilisation, il aurait fallu que de son sein même eût pu sortir une sorte de « bourgeoisie rurale », une classe de chefs selon l’esprit. Or, ce développement nouveau ne devait pas se réaliser avant plus d’un siècle, et tout d’abord en Transylvanie.

Les roumains de transylvanie et la maison d’autriche.— Dès la fin du XVIIe siècle, les Roumains de cette province, sur laquelle pesait de plus en plus lourdement la tyrannie, non seulement politique et sociale, mais aussi religieuse et confessionnelle, des princes magyars et de leur aristocratie calviniste, virent arriver les Autrichiens qui se présentaient comme les fondateurs d’un nouvel ordre de choses. Le dernier prince qui régna réellement, Michel Apaffy, que les Turcs avaient tiré d’un coin obscur du pays des Szekler pour lui confier cette province vassale, avait conclu une convention avec le duc 4e Lorraine, commandant des troupes allemandes, par laquelle, de fait, il abdiquait le pouvoir. Même avant que le traité de Carlowitz eût reconnu la possession de la Maison d’Autriche en Transylvanie, on s’occupa de donner de nouvelles bases à cette domination chrétienne qui venait se substituer aux traditions hongroises du moyen âge et à l’exploitation ottomane.

Or, les Magyars n’acceptaient guère volontiers cette domination allemande et catholique qui menaçait la suprématie de leur nation et de leur classe. Les Saxons eux-mêmes étaient mal disposés, car ils craignaient pour ces libertés que les princes autonomes avaient respectées jusqu’alors ; en outre, ils détestaient la soldatesque brutale des envahisseurs et redoutaient des charges fiscales supérieures à celles du passé. Le troisième élément qui constituait la population du