Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/230

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pays, celui des Szekler, était absolument déchu ; ses membres étant devenus presque les serfs des quelques familles nobles qui s’étaient établies au milieu des villages jadis libres. Pour imposer en même temps l’autorité de l’Empereur, le système compliqué du fonctionnarisme autrichien et l’Église catholique, que les Jésuites apportaient dans leur bagage, il fallait donc l’appui de la majorité, jusqu’ici négligée et méprisée, de la population transylvaine : des Roumains. On commença par proclamer l’« Union de l’Église valaque » qui représentait dans les seules formes légales la vie de la nation, avec le Saint-Siège ; on promit aux prêtres qui reconnaîtraient le dogme occidental en sacrifiant les quatre points de divergence, de les assimiler comme situation matérielle au clergé catholique ; puis on s’adressa à l’évêque lui-même. Il avait dépendu jusqu’alors, comme tous ses prédécesseurs, du Métropolite de Târgoviste et du prince de Valachie, ainsi qu’avait dû le reconnaître Apaffy aussi, au cours des difficultés provoquées par la déposition de Sabbas ; c’est d’au-delà des monts que lui venaient non seulement sa consécration, mais aussi des conseils de direction contre le calvinisme envahissant, des revenus, car la Métropole roumaine de Transylvanie possédait par la grâce des Voévodes des biens-fonds dans la principauté voisine, des ornements d’église, qu’on demandait, du reste, depuis quelque temps, aussi à Moscou, et des livres, de ces beaux livres qui sortaient des presses valaques. Celui qui tenait alors la crosse était un homme timide et soumis, Théophile : dès le mois de mars 1697, réunissant quelques protopopes à la mode calviniste qui administraient, en vrais chorévêques, les districts de son diocèse, il leur fit admettre facilement de se convertir au catholicisme, à condition de maintenir les rites qui se rattachaient à toutes les traditions du passé : les