Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

signal de la jacquerie contre la « nouvelle loi » et ses représentants, laïcs et ecclésiastiques.

Son successeur, Pierre-Paul Aaron, un ascète, que Micu avait anathématisé lorsqu’il remplissait les fonctions de vicaire, ne fut donc reconnu que par un nombre très restreint de fidèles. Les autres acclamaient des agitateurs serbes et, ne trouvant pas d’appui chez les Phanariotes des deux Principautés, ils s’adressaient, et non sans résultat, à la Russie. Bientôt il y eut une vraie révolte, dont le chef fut un simple moine, Sophronius, vrai « roi » roumain de la Transylvanie occidentale. La Cour dut céder ; elle trouva le moyen d’éluder les difficultés en accordant aux partisans de cet apôtre de la violence un évêque serbe qui était déjà en possession du siège de Bude (1762). Deux autres prélats allaient lui succéder jusqu’à l’interrègne de vingt ans qui précéda l’élection, en 1810, du Roumain Basile Moga.

Mais le peuple ne voulut pas non plus de ce Serbe, et les qualités supérieures des chefs de leur race qui étaient les évêques de Fagaras, transportés déjà dans un village quelconque, à Blaj (Blasendorf, Bâlâzs-falva), ne leur gagnèrent pas davantage les cœurs. La classe paysanne, préoccupée en même temps du problème social, était en pleine ébullition, surtout dans les régions montagneuses qui avaient vu tous les gestes d’énergie de la race, depuis les combats anciens de Décébale jusqu’à la jacquerie du moine Sophronius. Les serfs du domaine impérial, des mines d’or, se soulevèrent contre l’exercice abusif des droits féodaux, sous la conduite de Nicolas Ursu Horea, qui prétendait avoir une mission secrète de Joseph II, et de ses compagnons, Closca et Crisan. Tout en pillant les châteaux et en massacrant les nobles, comme les insurgés de France en 1360, ils en arrivèrent à demander que le pays restât entre les mains seules de ses vrais