Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/238

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Aaron. Lorsque les disciples de ces séminaires et de ces collèges purent chercher à Vienne et à Rome elle-même la source de leurs connaissances, ils ne firent que se fortifier dans une croyance qui devait être à travers toutes les misères, l’essence même de leur vie. Dans cette Rome, où le grand prélat était mort désespéré, ses disciples des établissements de Blaj venaient de reprendre l’œuvre abandonnée par ses mains affaiblies. C’était une de ces transmissions mystérieuses que la justice trouve toujours pour sauver sa cause.

Presque au même moment, un parent de Micu, le jeune Stoe, en religion moine Samuel, Georges Sincai de Sinca, fils d’un de ces boïars de Fagaras qui ne gardaient dans leur pauvreté et leur abandon que la gloire vaine des anciens titres, enfin un troisième rejeton de cette même classe rurale, Pierre Maior, se formèrent dans les établissements ecclésiastiques des États autrichiens et de la ville pontificale ; ils ne devaient pas trouver seulement une discipline monastique ; leur esprit indépendant de paysans combatifs voulut s’approprier les moyens de continuer une lutte, dont, tout jeunes et isolés qu’ils étaient, ils sentaient devoir être les chefs. En 1783-1784, ils étaient de retour ; ils avaient abandonné le froc et vécurent d’emplois secondaires ; prêtres ou protopopes, directeurs scolaires dans les nouveaux établissements de culture germanique fondés par Joseph II, correcteurs à la typographie en caractères cyrilliques de l’Université de Bude, ils restèrent tous trois jusqu’au bout des chevaliers errants de leur idéal national.

Ces coryphées de l’école transylvaine consacrèrent à la défense de leur race des grammaires en lettres latines, des dictionnaires étymologiques, des chroniques, qui sont, comme celles de Micu et surtout comme le grand recueil de sources, rédigé en latin et en roumain par Sincai, des plaidoyers pour la noble