Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/272

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désormais la propriété absolue d’un maître qui était plutôt un usurpateur. Kogalniceanu, auquel Cuza avait confié l’exécution de ces mesures, conseilla un coup d’État encouragé aussi par l’exemple de la création du nouvel Empire français enraciné par le plébiscite. La loi rurale fut promulguée telle que l’avait proposée le prince ; la grande propriété était créée ainsi, à côté du lopin accordé au paysan, et elle l’était sur des bases solides, alors qu’il aurait fallu des soins incessants pour faire valoir le champ de l’ancien serf. Ce ne fut pas la faute de Cuza si ces soins manquèrent sous un nouveau régime.

Les décrets princiers de 1864 avaient créé aussi un Sénat dont la moitié des membres fut nommée, le chef de l’État ayant aussi le droit de désigner le président de la Chambre et de prolonger le terme d’un budget.

Ce régime du Statut, dont le titre avait été emprunté au royaume d’Italie, fut confirmé par un pé-bliscite écrasant et par l’approbation ultérieure des Puissances ; il exaspéra l’opposition, dans laquelle se réunissaient, ainsi que nous l’avons déjà dit, les grands propriétaires, incapables d’apprécier le bien qu’on leur avait fait, et les libéraux armés contre 1’ « usurpateur ». Elle provoqua d’abord une échauffourée de paysans pendant l’absence du prince à l’étranger, puis elle recourut à un complot militaire qui réussit. Quelques mois auparavant, Cuza, qui venait de provoquer de nouveaux mécontentements en adoptant ses bâtards, avait déclaré formellement qu’il était prêt à remettre, aussitôt son œuvre accomplie, le pouvoir qu’on lui avait confié et dont son âme forte et sincère n’avait jamais tiré vanité. On prétend qu’il avait désigné pour son successeur le duc de Leutchenberg, descendant des Beauharnais par son père, mais, par sa mère, la Grande-Duchesse Marie, petit-fils de Nicolas 1", et les