Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/283

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avec le Tzar. On murmura à Pétersbourg lorsque les Chambres offrirent au prince souverain la couronne royale en mars 1881, quand Alexandre II succomba à un attentat des nihilistes. L’idée d’une union personnelle avec la Bulgarie, lorsque le premier prince, Alexandre de Battenberg, détrôné par les agents russes, dut quitter définitivement la Principauté, fut empêchée par les mêmes agents ; ils avaient travaillé patiemment à nourrir la jalousie et la haine des Bulgares contre ceux qui avaient abrité pendant des siècles les représentants de leur nationalité, de Mathieu Basarab, protecteur des insurgés de 1640, à Bratianu, qui s’était compromis envers l’Europe en fermant les yeux sur la formation des bandes de la liberté. On avait espéré même, en 1888, provoquer, sur la question de la Dobrogea un conflit entre les deux pays.

Chacun travaillait ainsi, selon ses moyens, pour l’Empereur de Vienne, étant donnée l’étroite alliance entre les Habsbourg et les Hohenzollern que venaient de conclure Bismarck et Andrassy. C’était simplement « travailler pour le roi de Prusse ». La question du Danube, que le traité de Paris avait soumise à une Commission riveraine et à une Commission européenne, fut rouverte par la diplomatie autrichienne. Le traité de Berlin avait attribué à cette dernière la mission de faciliter la navigation de Galatz aux embouchures. Dès 1881 cependant, l’Autriche se fit admettre, sur la proposition du délégué français Bar-rère, dans la Commission riveraine, dont les droits s’étendaient de Galatz à Orsova, bien que sur toute cette étendue, la Monarchie n’eût pas un seul pouce de terrain. Une conférence des Grandes Puissances, réunie à Londres, accepta cette nouvelle situation, tout en exemptant du contrôle européen le bras russe de Kilia et en étendant, d’autre côté, ce contrôle jusqu’à Braila. La Roumanie déclara ne pas pouvoir se