Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/31

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le nom porte une empreinte aussi peu scythe que la manière de vivre de cette peuplade. Il recueillait le miel et la cire de ses abeilles, exploitait les mines qui ont rendu célèbre à toutes les époques leur province ; leur luxe est vanté par Hérodote ; tous ces traits sont étrangers aux occupations patriarcales, d’une si rude simplicité, des Scythes, même à une époque où leurs rois, protecteurs et clients des cités grecques du littoral, transformaient en beaux vases artistiques, représentant leurs exploits de chasseurs et de guerriers, l’or fourni par les tributaires agathyrses des montagnes. Mais il paraît bien que cette peuplade, consacrée à un labeur spécial, était très peu nombreuse ; elle ne pouvait pas avoir les aptitudes nécessaires pour reprendre dans les Carpathes l’œuvre de conquête, glorieuse et rémunératrice, d’Alexandre-le-Grand.

Ce rôle était réservé aux pâtres de la montagne, dont le centre fortifié se trouvait dans l’angle Sud-Ouest de la Transylvanie, aux Daces, que les Romains appelaient Davi, Daii. Il faut rapprocher sans doute cette appellation du mot davae qui sert à désigner leurs villages. On en ignore la signification, mais c’est probablement comme tous les noms des confédérations scythes, sarmates et germaniques, un nom de guerre, servant à désigner à un moment donné de l’activité militaire d’une nation. On pourrait aussi interpréter le mot « Daces », comme spécifiant : habitants des villages, paysans, par opposition aux Gètes qui possédaient des établissements plutôt semblables, bien qu’à un degré inférieur, aux « cités » des Gaulois. Les Pannoniens étaient aussi des villageois.

Dès le début, il y a chez les Daces des rois ; ce sont, du reste, le roi et sa caste de guerriers ; les pileati, portant le bonnet de commandement (pileus), ce bonnet phrygien d’Asie, perpétué sur le Danube par l’humble caciula, ou bonnet de peau du paysan roumain, qui