Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/33

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une pareille fondation ; et, comme le peuple qui l’avait créée était l’héritier d’une civilisation autochtone plus que millénaire, Boirebista paraissait promettre à ce monde carpatho-danubien une longue et prospère stabilité sous le sceptre d’une dynastie énergique.

Les Daces rencontrèrent cependant sur cette voie de conquêtes où ils étaient entrés triomphalement, une civilisation supérieure, des imitateurs plus heureux de la royauté d’Alexandre-le-Grand : le peuple romain et l’activité conquérante des Césars.

L’expansion et la conquête romaines.— Dès les derniers temps de la République, les classes populaires, qui avaient formé jusqu’alors la force même de l’État, commencèrent à émigrer. L’Italie victorieuse et conquérante recevait des approvisionnements de l’Égypte, de l’Afrique et de la Grèce ; les villes accroissaient sans cesse leur territoire ; les riches propriétaires, les anciens patriciens, les chevaliers et jusqu’aux publicains heureux se taillaient dans la campagne de larges domaines, avec des villes, des jardins, des terrains de chasse ; le travail servile remplaça celui de l’ancien agriculteur libre. Il se produisit alors une forte émigration rurale, à l’Est, vers l’Illyrie — et aussi, par les Alpes orientales et les vallées de la Save et de la Drave, vers la Pannonie, — aussi bien qu’à l’Ouest, vers la Gaule méridionale. Les sources historiques, il est vrai, ne mentionnent pas cette expansion, aucune inscription n’a marqué la trace sur la terre de ces pauvres gens en quête d’un champ et d’un abri ; une infiltration lente, mais profonde, a donc seule pu transformer, en une population romaine, parlant le latin vulgaire, les Illyriens et ces Thraces que la conquête politique, si éphémère en Dacie, n’aurait pu qu’entamer. Le pâtre de Dalmatie, déjà habituéà