Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/35

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l’Empire, se fit livrer des artisans et des ingénieurs appelés à consolider sa puissance. L’Empire résolut alors de soumettre à sa domination les rudes barbares de la rive gauche. Si Trajan, le successeur de Domitien, consacra à cette œuvre la plus grande partie de son règne et toute sa ténacité de vieux soldat espagnol, c’est que l’enjeu dépassait le prix de la Dacie elle-même ; elle possédait sans doute des mines d’or et d’argent, alléchantes pour les aventuriers qui fourmillaient dans l’Empire ; des mines de sel, dont le produit était indispensable, bien qu’on eût aussi les marais salants d’Anchiale, aux Balcans conquis. Valait-elle tout de même la peine d’être occupée une fois pour être défendue à chaque moment contre les autres barbares qui rôdaient aux alentours ? Oui, car sans la possession de cette forteresse des Carpathes, on n’aurait pu trouver la solution du grand problème germanique contre lequel s’étaient usées les forces militaires d’Auguste et de Tibère. Du Rhin, ce problème s’était transporté dans les montagnes des Qua-des et des Marcomans ; déjà les mouvements des Goths au Nord et à l’Est du territoire thrace faisaient prévoir une autre phase du grand conflit entre le monde romain et le monde germanique. Trajan, en attaquant Décébale, crut pouvoir détruire dans son germe ce nouveau danger.

Dans une première campagne préparée dans la Mésie supérieure (101 après J.-C.), les Romains employèrent le facile passage des Portes-de-Fer pour envahir le Banat, le territoire des Bures, et chercher par l’Ouest la voie de Sarmisagethusa ; à Tapae, ils remportèrent une victoire chèrement achetée. Confiant dans la fortune de ses armes, Décébale négocia d’abord. Pendant toute une année, il tendit des embuscades à l’ennemi ; mais les Romains étaient résolus à pousser l’entreprise jusqu’au bout ; brisant l’unité politique du territoire