Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/50

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d’Albona, et qui conservent dans leurs derniers refuges tous les éléments fondamentaux de leur ancien langage, de plus en plus accablé et dénaturé par l’invasion des termes slaves.

Leurs centres plus importants se trouvaient cependant plus bas dans la péninsule balcanique. Entre Vallona et Durazzo et en face de Corfou, ils occupent le rivage, qui est abrupt et inapte à l’agriculture, qu’ils connaissaient bien cependant par une ancienne tradition, sans la pratiquer de préférence. A l’intérieur, on les retrouve en Epire, sur le cours supérieur de la Voïoussa. Mais la chaîne du Pinde est encore en grande partie aussi nettement valaque que les Car-pathes. Des milliers de pâtres menaient à l’automne leurs brebis vers le large cirque montagneux de la Thessalie ; ils y possédaient, au Xe siècle, ces riches villages dominés par des chefs, des « primats » (εχχριτχι), des celnici (du slave ceata, bande), que décrit le biographe anonyme d’un des plus puissants et des plus influents parmi eux, le « Vlaque » Nicolita. L’empire byzantin leur créa une situation spéciale, qu’il n’osa jamais détruire et quand il essaya de l’ébranler dans le détail, ils se révoltèrent. Dans un conflit avec leurs caravanes, périt aux « Beaux Arbres » (χαλάι όρύς), vers l’an 1000, David, un des chefs du mouvement qui, appuyé cependant sur les Albanais et les Vlaques, essaya de reconstituer, « l’Empire » des Bulgares, que les Byzantins de Jean Tzimiscès avaient renversé peu auparavant sur les rivages de la Mer Noire, à Preslav. Mécontents de l’anarchie « romaine », qui les pressurait contre la coutume, ils soutinrent toute cette épopée du « Tzar » Samuel et de ses héritiers du XIe siècle, à commencer par le fils même de Samuel, Gabriel-Romain, dont la mère, une Thessa-lienne, était probablement d’origine valaque. Plus tard, vers 1200, quand l’Empire d’Isaac l’Auge, menacé d’un