Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/60

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qui était devenue une Valachie localisée. Pour le moment, au tournant de l’histoire où les Magyars apparaissent comme représentant la civilisation occidentale dont le Pape était le chef, d’un bout à l’autre du territoire roumain, il n’y avait pas encore de frontières. D’autre part, on ne saurait, sans anachronisme, prêter au roi de Hongrie l’intention de dénationaliser le peuple qu’il subjuguait ainsi en Transylvanie. Son ambition, à cet « apostolique », était d’accomplir en Orient la tâche de pupille de l’Église toute-puissante où avaient échoué les empereurs romains de nation germanique. En dehors de cet « apostolat » armé, il voulait uniquement fermer aux « Scythes » de la steppe les défilés deé Carpathes et tirer de plus riches revenus possibles de sa conquête.

La colonisation allemande, l’ancien Drang nach Osten instinctif des peuples allemands au moyen âge, battait son plein au temps où les Croisades attiraient vers l’Orient le trop-plein des populations occidentales. Le roi Geysa ne fit que canaliser une partie de ce large courant vers la Marche de Transylvanie que ses propres moyens n’avaient pu qu’entamer. Les premiers « hôtes » venus de Flandre — d’autres vinrent aussi d’Alsace — s’établirent dans trois villages placés sous la protection même de l’évêque, qui du reste encouragea lui-même cette œuvre d’expansion, toute à son avantage.

Plus tard, d’autres groupes se formèrent sur la Târnave (Küküllö), au beau milieu de la province, puis au Sud-Ouest, à Sibiiu (le village porte le nom de la rivière voisine, à laquelle les étrangers ont conservé le nom roumain de Zibiu), qui devint plus tard « la ville de Hermann », ou Hermannstadt (cf. les villages qui continuent à s’appeler en roumain Har-man) ; enfin, dans la région opposée de ce quadrilatère montagneux, près des mines de Rodna et de