Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/64

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Rhin moyen et inférieur, avec ses évêques et ses féodaux d’origine germanique, avec ses associés, les chevaliers venus de Jérusalem pour combattre contre les païens cumans, n’était que le dernier représentant et le serviteur dévoué de cette grande œuvre historique. Contre ces « Scythes » magyars, bientôt mêlés de Slaves, influencés dans leur nouvelle province par les Roumains et soumis d’une manière permanente et profonde à l’influence de la civilisation allemande, se leva un nouveau flot de Scythes authentiques, qui étaient restés dans la steppe et qui avaient conservé les anciennes coutumes de leur vie nomade.

L’apparition de Gengis (Dschinguiz), qui fut simple chef de bande dans le désert avant de devenir le grand Khan, l’empereur unique de la steppe, jeta de nouveau vers l’Occident les multitudes touraniennes qui avaient emprunté à fleur immense voisine, la Chine, son grand idéal d’unité mondiale. Il était impossible d’arrêter cette nouvelle invasion, qui, si elle n’était pas animée par le fanatisme d’une nouvelle religion, avait, en dehors du prestige et des talents de son chef, la force décisive d’un ordre parfait dans tous les détails de son action. Les descendants des Voévodes de Kiev devinrent les humbles vassaux de la Horde dominante ; quant à la Hongrie des Arpa-diens, elle risqua une faible résistance dont l’insuccès rejeta le roi et les restes de son armée vers la Mer de l’Occident.

Les notices, insuffisantes et confuses, que nous possédons sur cette conquête foudroyante, ne prouvent pas une occupation tatare des régions roumaines entre les Carpathes ; le Danube se trouvait du reste en dehors du chemin suivi par ces chercheurs d’aventures et de butin ; ils n’avaiant aucunement l’intention de s’établir, comme les Bulgares, des Magyars de jadis, sur un nouveau territoire, car ils avaient déjà,