Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/76

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tout le cours du Danube inférieur. Son fils Laïco, déjà mentionné plus haut, n’était guère disposé à voir le Français de Bude, cet étranger, dont les droits appartenaient à la plus pure des fantaisies historiques, prendre dans l’Orient orthodoxe une place qui lui revenait par la communauté de religion, par les liens de famille noués par son père et son grand-père, auxquels étaient venus s’ajouter peut-être ceux qui lui venaient d’une mère balcanique. Lorsque Louis, qui avait fait mine d’attaquer d’abord le prince valaque lui-même, eut fait de Vidin la capitale d’un Banat qui surveillait aussi la frontière valaque, il se leva en armes pour échapper à l’étreinte. La garnison de Vidin ne résista pas, et la chronique franciscaine de cette ville mentionne l’a courte domination du prince orthodoxe, beau-frère de Strachimir, du « roi » roumain qui faisait sa première apparition dans les Balcans, où il devait avoir bientôt la possession de Nicopolis. Nicolas de Gara, commandant des troupes royales, ne réussit pas à chasser les envahisseurs, qui s’appuyaient sur Severin.

Lorsque maintenant l’armée du Voévode de Transylvanie entra dans la Valachie par le défilé de Buzau pour écarter ce prince d’une si entreprenante ambition, elle trouve sur la ligne de la Ialomita des fortifications, des fortins, des tranchées, capables de résister ; une seconde ligne défendait plus loin la capitale, qui d’Arges était descendue déjà, par Cîmpulung, où l’église du couvent princier abrite les restes du prince Alexandre, à Târgoviste, dans la plaine. Dragomir, capitaine de cette ville, rassembla les paysans pour défendre la résidence de leurs Voévodes ; le Vice-Voévode transylvain et le châtelain de Küküllovar furent tués dans cette défaite décisive de 1369, qui, renouvelant la leçon de 1330, montrait à l’ennemi l’impossibilité d’occuper cette « Transalpina », a travers laquelle,