Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/78

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encore, bien qu’ayant perdu toute leur importance au profit de Rodna, leur rivale transylvaine. Le nouveau roi de Hongrie créa d’abord une Marche orientale de la Transylvanie, réunissant entre les mains de son fidèle André, fils de Laczk (Latco), probablement d’origine roumaine, l’administration du Marmoros, des Szekler et du comté de Kronstadt, ainsi que la dignité de comte de Szatmar, dans l’Ouest de la Transylvanie, et celle de Voévode même de cette province. Il était appelé à résister, non pas à une tentative des Roumains pour former un second État indépendant, mais aux dernières invasions des Tatars, plus ou moins soutenus par les éléments chrétiens à leur disposition, qui atteignirent, en 1352, la frontière de Transylvanie sur la lisière des Szekler. Le roi lui-même dut intervenir pour briser les efforts des barbares, qu’avait encouragés l’anarchie galicienne, pendant les combats incessants entre les Lithuaniens du Nord et les Polonais de l’Est pour la possession des débris de l’ancien royaume de la Russie Rouge, si puissant au siècle précédent. Lorsque la victoire définitive éloigna ces fragments de la Horde, André confia la garde du territoire récemment occupé, aux environs de Baia jusqu’au cours de la rivière Moldova, à un subalterne, simple capitaine royal, choisi parmi les Voévodes roumains du Marmoros, Sasul, fils de Dragos. Une « terre moldave » avait été créée ainsi pour les seuls intérêts de la Couronne, pour servir de digue contre de nouvelles tentatives du côté de l’Orient. Or, aussitôt après, un autre Voévode roumain du même Marmoros, Bogdan, du village de Cuhea, qui depuis longtemps s’était fait connaître par son esprit de rébellion, par sa hardiesse et le caractère indomptable de sa résistance, s’avisa de suivre l’exemple des Valaques Tihomir et Basarab qui avaient conquis, contre tous les efforts de la Hongrie, une indépendance