Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/82

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Carpathes, il n’y avait que Baia, simple bourg élevé pour un moment à la dignité d’évêché latin (on y voit encore les beaux restes d’une cathédrale gothique), que la citadelle de Neamt dans la montagne, et que les centres hongrois du Sud, Ocna, Slanic, Bacau (la Milcovia épiscopale ayant disparu sans presque laisser de traces), l’autre région, qui dépendait du commerce galicien, vers Moncastro et Caffa, appelait par les nécessités profondes de la situation géographique et économique l’établissement d’un maître respecté, d’un vigoureux soldat capable d’assurer à coups d’épée la libre circulation des marchands de toutes les nations, jusqu’aux Italiens de Crimée qui apprirent bientôt le chemin de Suceava.

Les influences occidentales menacèrent dès le début l’indépendance de cet État. Des moines allemands amenèrent sous Lafco, fils de Bogdan et mari d’une princesse orthodoxe, probablement russe, l’établissement d’un évêché latin, correspondant à celui d’Arges, dans la ville de Séreth, où les Dominicains disputaient le terrain à leurs frères, les Franciscains. La fille et héritière de Latco, Musata, avait adopté le culte catholique, se faisant appeler Marguerite. Entre temps, un des Koriatovitsch de Galicie, princes podoliens qui se créèrent aussi un fief dans le Marmoros, Yourg, fut, pour quelques mois, lui aussi, prince moldave. Mais les descendants de Bogdan, les fils et les neveux de Marguerite, restèrent des princes roumains orthodoxes.

Ce fut même aux dépens de la Pologne que le nouvel État trouva ses limites définitives vers le Nord. Pierre, fils aîné de Marguerite, profita des difficultés où se trouva Jagellon, le grand-prince lithuanien qui avait épousé Hedvige, fille et héritière du roi Louis, dans sa lutte contre son beau-frère et concurrent Sigismondde Luxembourg, roi de Hongrie, pour s’emparer