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absout, dissout, dont le féminin était absoute, dissoute renvoyant à des formes latines *absóltum, *dissóltum.

Parfaits forts de la conjugaison en -RE

Parmi les parfaits les plus importants de cette classe, citons d’abord les plus usuels, se rattachant aux parfaits latins en -si, -xi (je mis; je pris; je dis, etc.) et aux parfaits en -i, comme fec-ī; voici les paradigmes :

Je fis je pris
tu fesís[1] tu presís
il fist il prist
n. fesímes n. presímes
v. fesístes v. presístes
il fi(s)rent il pristrent

Fis correspond à une forme *fici (pour fecī) du latin vulgaire ; pris vient de *prisi pour prendidi.

Sur pris se conjuguent : je mis, tu mesís (mettre); je dis, tu desís ; je quis, tu quesís (quérir), etc.

L’évolution de ces formes est la suivante : probablement par suite de dissimilation s intervocalique disparut de bonne heure dans les formes faibles fesis, fesimes, fesistes, qui devinrent fe-ïs, fe-ïmes, fe-ïstes et se maintinrent ainsi pendant la période du moyen français (xivexve s.). Cet hiatus interne (fe-ïs) disparaissant, on eut les formes fis, fimes, fistes, ou plutôt les formes feis, feimes, feistes, où la pseudo-diphtongue ei[2] est, au xvie siècle, une pure survivance orthographique.

  1. Nous rappelons que dans les paradigmes des parfaits les formes faibles sont en italiques.
  2. Au xvie siècle on écrivait: je feis, tu feis, n. feimes mais on prononçait fis, fimes.