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Devant les noms de peuples, ainsi que devant paien, crestien (au pluriel), l’article est omis dans les plus anciens textes.

Ex. :

Paien s’enfuient ; les Païens s’enfuient.
Païen s’adobent d’osbers sarrazineis. (Rol., 994.)
Les Païens se revêtent de hauberts sarrasins.


L’emploi de l’article devant les noms de peuples est rare au xiie siècle ; il devient beaucoup plus fréquent au xiiie siècle, surtout en prose. Cf. encore dans Villon : Jehanne la bonne LorraineQu’Englois brûlèrent à Rouen.


Pour les noms de rivières l’usage général est qu’ils prennent l’article, sauf quand ils sont précédés des prépositions de ou sur. La rivière de Saône, le fleuve de Jourdain, une cité sur Seine.


Les mots comme ciel, terre, paradis, enfer, diable, nature, fortune, nuit, jour, di (jour), ne prennent pas ordinairement l’article. Ils sont traités comme des noms propres.

Ex. :

De Paradis li seit la porte overte. (Rol., 2258.)
Du Paradis lui soit la porte ouverte.
Elle vouloit dou feu ardoir Paradis et de l’yaue esteindre Enfer. (Joinville, 445 e.)

On disait en Paradis, comme en enfer.

Article dans les énumérations.

Comme dans la syntaxe moderne l’article est ordinairement omis dans les énumérations. Mais il peut aussi être exprimé, ou n’être exprimé que devant le premier nom.

Ex. :

Ad or fin sont les tables et chaièdres et banc. (Pèlerinage, 344.)
Les tables, chaises et bancs sont d’or fin.