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Tu n’ies mes hom, ne jo ne sui tes sire. (Rol., 297.)
Toi, tu n’es pas mon vassal, et moi, je ne suis pas ton seigneur.
Tu por ton per, jol ferai por mon fil. (Alexis, 155.)
Toi pour ton compagnon, moi je le ferai pour mon fils.

Cependant à la fin du xiie siècle l’emploi du pronom sujet se généralise.

Les cas-sujets des pronoms personnels étaient, au singulier, je, tu, il[1]. On disait : je et tu irons ; ne vos ne il n’i porterez les piez (Rol., 260) ; il et ses frères (= lui et son frère) ; il dui (= eux deux) ; je et mi chevalier (= moi et mes chevaliers) ; li maistres deu Temple et je (Joinville), etc.

Ex. :

Il et Rolanz el camp furent remes (Rol., 2779).
Lui et Roland furent laissés sur le champ de bataille.

Dès le xiie siècle, on trouve cependant la tournure moderne moi et vous au lieu de je et vous ; mais ces tournures ne deviendront communes qu’à partir du xve siècle et ne seront de règle qu’à la fin du xvie.

Emploi pléonastique de il.

Quand une phrase commence par qui = celui qui, il est employé pléonastiquement dans le second membre de phrase. Ex. Qui molt est las il se dort contre terre (Rol., 2494). Celui qui est très las dort contre terre.

Même en dehors de ce cas, l’emploi pléonastique de il, après un sujet déjà exprimé, est fréquent dans l’ancienne langue.

Omission des pronoms neutres sujets il, ce.

Les pronoms neutres il et plus rarement ço, ce sujets grammaticaux de verbes impersonnels, sont en général omis.

  1. Sert aussi de 3e personne du pluriel ; cf. la Morphologie.