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Plus vous amoie la moitié,
Se Dieus ait ja de moi pitié !
Que ne fesoie moi-meïsmes. (Chastelaine de Vergi, 761.)
Je vous aimais, Dieu me pardonne ! la moitié plus que je ne faisais moi-même.
Imparfait et plus-que-parfait.

L’imparfait du subjonctif, employé dans une proposition indépendante, exprime un regret du passé, un souhait qui ne peut pas être réalisé (mode irréel).


Le plus-que-parfait du subjonctif — plus rarement employé d’ailleurs — peut servir à rendre la même idée.

Ex. :

Car la tenisse en France et Bertrans si i fusset,
A pis ed a martels sereit aconseüde. (Pélerinage, 327–8.)
Car si je la tenais en France (puissé-je la tenir) et que Bertrand y fût, à coups de pics et de marteaux elle serait attaquée[1] !
E deus, dist-il, quer oüsse un serjant
Qui·l me gardast ! (Alexis, 226.)
Eh ! Dieu, dit-il, si j’avais un serviteur qui me le garderait[2] !

L’imparfait du subjonctif a aussi le sens du conditionnel présent.

Ex. :

Mais li quens Guenes iloec ne volsist estre. (Rol., 332.)
Mais le comte Ganelon ne voudrait pas être là.

L’imparfait du subjonctif jouait aussi, conformément à

  1. Il s’agit d’une charrue d’or, appartenant au roi de Constantinople, qui émerveille les compagnons de Charlemagne.
  2. On verra d’autres exemples de cet emploi dans l’étude des propositions conditionnelles.