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sujet. Cet emploi est très fréquent ; on sait qu’il s’est restreint à quelques verbes seulement dans la langue moderne.

Ex. :

Li corners ne vos avreit mestier. (Rol., 1742.)
Le corner, le fait de sonner du cor ne vous servirait de rien.

L’infinitif peut être aussi employé, comme un substantif, en fonction de cas-régime.

Ex. :

Dieus exodist les suons pensers. (Vie de Saint Léger, 29 b.)
Dieu exauça ses pensers.
Tot nostre vivre et tot nostre mangier
De cel autel le convient repairier. (Raoul de Cambrai, 1348.)
Tout notre vivre et tout notre manger il convient de le tirer de cet autel.

De plus, l’infinitif peut jouer, accompagné de l’article défini ou d’un adjectif démonstratif ou possessif, le rôle de complément déterminatif, indirect ou circonstanciel.

Ex. :

Tens est del herbergier,
En Rencesvals est tart del repaidrier. (Rol., 2482.)
Il est temps de se reposer, en Roncevaux il est trop tard pour revenir.
En cel tirer le coms s’aperçut alques. (Rol., 2283.)
Au moment où on lui tirait (la barbe), Roland reprit connaissance.

Dans tous les cas où l’infinitif est employé en fonction de substantif, il conserve son caractère de verbe et peut avoir des compléments.

Tant me puis esmaier
Que jo ne fui à l’estorn comencer. (Rol., 2413.)
Je puis m’étonner que je n’aie pas été au début de l’assaut.