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Desfi les en, Sire, vostre veiant. (Rol., 326.)
Je les en défie, Sire, devant vous.
Et li dus tout autresi tost
Oiant toz qui oïr le vost. (Chastelaine de Vergi, 927.)
Et le duc aussitôt, devant tous ceux qui voulurent l’entendre.
Gérondif précédé d’une préposition.

Le gérondif peut être précédé de la préposition en, comme dans la langue moderne : en riant, en plorant. Il peut aussi être précédé d’autres prépositions.

Ex. :

Li deffendi sor les membres perdant. (Huon de Bordeaux, 4646.)
Je le lui défendis sous peine de perdre ses membres.
Mais je le fis sor mon cors défendant. (Ibid., 1350.)
Mais je le fis à mon corps défendant.

On sait que cette dernière expression s’est maintenue en prenant un sens figuré.

On trouve dans Joinville : par pais faisant (= en faisant la paix, par le fait de faire la paix), par grant treüt rendant (= en rendant un grand tribut). Cf. encore : Ne vos leroie par les membres perdant (Prise d’Orange, 1427.) ; je ne vous abandonnerais pas, dussé-je y perdre les membres.

Participe passé

Accord du participe passé.

La règle de l’accord du participe passé en ancien français peut se résumer ainsi : « L’ancienne langue peut à volonté faire accorder ou ne pas accorder le participe passé construit avec avoir et son régime, que celui-ci le suive ou le précède[1]. » Ordinai-

  1. G. Paris, Extraits de la Chanson de Roland, 6e éd., Rem. 70.