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rement cependant le participe s’accorde, que le régime direct précède — ce qui arrive plus souvent que dans la langue moderne — ou qu’il suive.

Souvent aussi l’accord ne se fait pas. On peut alors considérer le participe comme un neutre, qui marque simplement l’idée exprimée par le verbe au passé, et qui forme un tout avec l’auxiliaire, qui, lui, marque la personne et le nombre.

Dans la Chanson de Roland le participe s’accorde presque toujours[1] avec le régime, quand ce régime est placé entre le verbe auxiliaire avoir et le participe.

Ex. :

Carles li Magnes at Espagne guastée,
Les castels pris, les citéz violées.
Ço dit li reis que sa guerre out finée. (Rol., 703.)
Charlemagne a dévasté l’Espagne, pris les châteaux et violé les cités. Le roi dit qu’il a fini sa guerre.
... Carles l’emperére
Mort m’at mes homes, ma terre déguastée
Et mes citéz fraites et violées. (Rol., 2755.)
Charles l’empereur m’a tué mes hommes, dévasté ma terre, brisé et violé mes cités.

Quand le régime précède l’auxiliaire avoir, l’accord se fait trois fois sur quatre environ. Cf. l’exemple cité plus haut :

Ço dit li reis que sa guerre out finée.

Quand le régime est placé après l’auxiliaire et le participe, l’accord se fait ou ne se fait pas (il y a à peu près autant d’exemples d’une construction que de l’autre).

Ex. :

Li emperere at prise sa herberge ;
Franceis descendent en la terre déserte.
A lor chevalz ont toleites les selles. (Rol., 2488.)
  1. D’après les statistiques faites par Étienne, Essai de grammaire de l’ancien français, § 377 sq.