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Propositions concessives

Les propositions concessives se rapprochent par le sens des propositions conditionnelles. Elles peuvent n’être accompagnées d’aucune conjonction dans l’ancienne langue, surtout dans des formules marquant l’alternative, comme : vueillet o non, qu’il veuille ou non, qui sont des propositions concessives elliptiques[1].

Ex. :

Vueillet o non, remés i est a piét. (Rol., 2168.)
Qu’il veuille ou non, il est resté à pied.
Vousist ou non, l’a deuz piéz reculé. (Aliscans, 6271.)
Qu’il voulût ou non, il l’a fait reculer de deux pieds.

Une autre forme de proposition concessive peut commencer par tout (aujourd’hui tout... que avec un adjectif seulement) construit avec le subjonctif sans que[2].

Tout ait Dieus faites les choses,
Au mains ne fist il pas le nom. (Rom. de la Rose, 7829.)
Quoique Dieu ait créé les choses, du moins il ne fit pas le nom.
Tout soiez joenes, si estes vous ja tes
Que vous devez par droit estre honourés. (Enf. Ogier, 7251.)
Quoique vous soyez jeune, vous êtes cependant tel que vous devez par droit être honoré.

Les propositions concessives ou restrictives sont introduites ordinairement par des locutions conjonctives com-

  1. Cf. l’expression moderne soit que... soit que, qui est aussi une proposition concessive elliptique.
  2. Cf. Tobler, Vermischte Beitraege, I (1ere éd.), p. 70.