Page:Joseph Anglade - Grammaire élémentaire de l'ancien français.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Il est mes filz e si tendrat mes marches. (Rol., 3716.)
Il est mon fils et il tiendra mes marches (frontières).

L’emploi de si avec un sens adversatif s’est conservé jusqu’au xviie siècle dans des expressions comme : si faut-il, et si (= et pourtant). Cf. de nombreux exemples dans Haase, Synt. fr., § 141.

Souvent si devant une principale sert simplement à rappeler une circonstancielle qui précède.

Ex. :

Quant li Sarrazin les virent, si nos laissièrent. (Joinville, 227.)
Emploi de ne (ni).

Pour peu qu’une phrase disjonctive ait un sens dubitatif, ne peut remplacer ou comme copule de liaison. Cela tient à ce que ne (ni) disjonctif n’a pas un sens nettement négatif et qu’il doit être précédé d’une négation pour avoir ce sens[1].

Ex. :

Se galerne ist de mer, bise ne altre venz. (Pélerinage.)
Si la galerne (vent), bise ou autre vent s’élève de la mer.
Se tu dois prendre, beaus fiz, de faus loiers,
Ne desmesure lever ne esaucier...
Ne oir enfant retolir le sien fié,
Ne veve feme tolir quatre deniers,
Ceste corone, de Jesu, la te vié. (Cour. de Louis.)
Beau fils, si tu dois prendre des salaires indus, favoriser ou protéger l’orgueil, ou ravir son fief à un enfant orphelin, ou enlever à une femme veuve ses quatre deniers, cette couronne, au nom de Jésus, je te défends d’y toucher.
Dictes-moi où, n’en quel païs
Est Flora, la belle Romaine,
Archipiada ne Thaïs ? (Villon, Ballade des dames du temps jadis.)
  1. Brunot, Gram. hist., 2e éd., § 511.