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Dieu, que ferai-je ? Pauvre malheureuse ! Le meilleur chevalier qui vive, le plus noble et le plus gentil !

De marquant l’éloignement et la séparation peut signifier, avec certains verbes, contre.

Ex. :

Que nos aidiez de Rollant le baron. (Rol., 623.)
Que vous nous aidiez contre (à nous délivrer de) Roland le baron.
Mais que de Sarrazins et paiiens nos guardez. (Pélerinage, 224.)
Pourvu que vous nous gardiez des Sarrasins et des païens, que vous nous protégiez contre eux.

De suivi d’une indication de temps s’emploie dans de nombreux cas où nous mettrions depuis. On disait : de tant (depuis tant de temps), de pièce, de grant pièce (depuis longtemps).


De suivi d’un adjectif neutre a servi à former des locutions adverbiales : de nouveau. Cet emploi était plus étendu dans l’ancienne langue que dans la moderne : de fi, de certain (= sûrement), del tot (complètement) ; cf. les expressions analogues de rien, de neient (= en rien), etc.

En

En provient du latin in, qui signifiait dans et sur : ces deux sens existaient dans l’ancienne langue, qui disait : se dresser en piez, estre pendu en crois, estre assis en cheval (lat. in equo sedere), monter en cheval, etc.

Ex. :

Ja mais en teste ne portera corone. (Rol., 930.)
Jamais sur la tête il ne portera la couronne.
Seanz en deus chaiéres, lez a lez. (Villehardouin, 216.)
Assis sur deux chaises, côte à côte.