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Por est surtout employé avec ce sens devant un infinitif.

Ex. :

Ja por morir le champ ne guerpiront. (Rol., 1909.)
Jamais, dussent-ils y mourir, ils n’abandonneront le champ de bataille.
Ne vos faudrons por estre desmembré. (Aimeri de Narbonne, 856.)
Nous ne vous faillirons pas, dussions-nous être démembrés.
N’alast avant por les membres trenchier. (Cour. de Louis.)
Il ne serait pas allé en avant, même si on lui avait tranché les membres.

Au sujet de pour employé dans des propositions concessives, cf. supra.


Pour marquant la cause, le but, a servi à former les locutions conjonctives : por o que, por so que, plus tard pource que, remplacé définitivement au xviie siècle par la conjonction parce que.


Por poi, por poi que peuvent se traduire par : il s’en faut de peu que.

Ex. :

Por poi d’ire ne fent. (Rol., 304.)
Il s’en faut de peu qu’il ne crève de colère.
Por poi que n’est desvéz. (Rol., 2789.)
Peu s’en faut qu’il ne devienne fou.

Ordre des mots

L’ordre des mots était beaucoup plus libre dans l’ancienne langue que dans la langue moderne. L’existence des cas favorisait les inversions, comme on peut le voir par le début de la Cantilène de Sainte Eulalie.