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du verbe férir[1]) ; fęrum > fier ; quęrit (lat. cl. quaerit) > il quiert (de quérir ; cf. requiert, conquiert, acquiert) ; tęnet > tient ; vęnit > vient ; ręm > rien ; bęne > bien ; caelum > ciel ; fęl > fiel ; męl > miel ; męlius > mielz, fr. mod. mieux.

Lorsque ę était suivi d’un yod (j, i) ou d’une consonne palatale (c, g), il formait avec ce yod ou l’i qui provenait de la palatale une triphtongue iei, dont l’élément du milieu (e) a disparu avant que la langue française soit écrite ; par suite le représentant de ę est, dans ce cas, i.

Ex. : mędium > *miei (forme non attestée en français) mi ; cf. demi, parmi ; prętium > prix ; pęctus > piz (poitrine) ; sęx > six ; ęxit > ist (il sort) ; lęctum > lit ; lęgit > lit ; nęgat > nie ; *pręcat (pour precatur) > prie, etc.


Le groupe eu provenant du latin classique (Deum) ou du latin vulgaire (Grecum devenu Greum) donne en français la triphtongue ieu devenue de bonne heure une diphtongue.

Ex. : Dęum > Dieu ; Andręum > Andrieu ; Graecum > Grieu ; celt. lęgua, le(g)ua > lieue ; germ. *tregua > trieue, trieve, trêve.

Mę́um devait être devenu en latin vulgaire méon, d’où mieen, mien. Ego devenu ę́o, ieo, jo est devenu finalement je, qui provient de jo employé comme atone.


E ouvert tonique entravé reste ę, aujourd’hui e ouvert.

Ex. : sęptem > sept; pęrdere > perdre ; infęrnum > enfer ; fęrrum > fer ; tęstam > teste, tête ; fęstam > fête, etc.


Lorsque cet e est suivi de l + consonne il se développe entre e et l un son a : on a ainsi : bęllus > beals ; novęllus > noveals ; agnęllus > agneals ; par suite de la vocalisation de l on a ensuite le groupe eau : beau, nouveau, agneau, marteau (à côté de martel, mot d’emprunt),

  1. Fier de ta lance signifie : frappe de ta lance.