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iv
Préface


d’une bonne bibliothèque qu’il ne faut pas chercher à Saint Thomas. De là est sorti ce volume.

J’ai fait de mon mieux ; mais j’ai le clair sentiment qu’on pourrait faire mieux. Que ceux qui auront la bienveillance de me lire ne me tiennent donc pas rigueur, mais qu’ils passent sur mes erreurs et sur mes fautes. Il semble que c’est dans ma destinée d’écrire des livres improvisés.

J’en gémirais si j’ambitionnais la gloire de compter parmi les grands écrivains et d’imprimer à mes œuvres le sceau de l’immortalité ; mais je n’ai jamais eu de telles aspirations, si prétentieuses et si futiles, en un temps où tout se règle à la minute, chaque jour comportant une histoire mondiale plus variée et plus objective que celle qu’offraient des siècles entiers dans les périodes reculées du passé. Ce à quoi il faut viser aujourd’hui, c’est au résultat du jour : Carpe diem ! on pourrait répéter, avec Horace, en attachant aux mots une valeur philosophique plus sérieuse que n’y mettait l’aimable épicurien. Ecrit ainsi, un livre devient une action : le mien en est une. Incorrect parfois, faible en plus d’un endroit, mais jamais mensonger et toujours sincère, frappé au coin d’un réel patriotisme, tel je le présente, comme un acte de foi dans l’avenir d’Haïti, la République noire.

Les Haïtiens ne connaissent pas assez les Américains. Cette négligence d’étudier l’histoire, la vie et les institutions d’un grand peuple avec lequel nous avons tant de points de contact, matériels et moraux, constitue une grave lacune et même un danger, qu’il faut combler ou conjurer au plus tôt. C’est dans ce but que je me suis