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Une règle à peu près uniforme était imposée à tous ces établissements[1]. Ils se recrutaient presque tous par cooptation,

    5o Collège du Roure ou de Saint-Pierre, fondé, en 1476, par Julien de la Rovère, archevêque d’Avignon, pour trente-six étudiants en droit canon ou civil, dont quatre prêtres. Ce chiffre était d’ailleurs un maximum et ne devait être complété que si les revenus du collège le permettaient. Au début, il n’y eut que dix-huit collégiés, dont deux prêtres (Fournier, 1368 à 1372). — Occupa l’ancien palais de Poitiers.

    6o Collège de Sénanque, fondé en 1591, par Jean Casalety, abbé de Sénanque, de l’ordre de Citeaux, docteur en décret, pour six religieux dudit ordre, étudiants en droit canon ou en théologie (Fournier, 1406, 1409 et 1412). Il était situé rue Petite Fusterie (aujourd’hui propriété particulière).

    7o Collège de la Croix, fondé en 1500, par Guillaume de Ricci, seigneur de Lagnes, docteur en droit, pour douze étudiants en droit civil ou en droit canon. — Est devenu le grand séminaire du diocèse.

    À cette liste on ajoute parfois le collège de Notre-Dame de la Pitié, fondé en 1491, par Barthélémy de Riquetis, professeur de théologie à Avignon et prieur du couvent des Frères Prêcheurs, pour vingt-quatre moines de cet ordre. Mais ce collège ne fut pas agrégé à l’Université. Il était pourvu de trois professeurs de grammaire, rhétorique, logique, philosophie et théologie et se suffisait à lui-même. C’était un véritable séminaire, comme il s’en créa au xviie siècle, à la suite des décisions du concile de Trente (Fournier, 1399).

  1. C’était à peu près le régime monastique. Les exercices religieux y tenaient une très grande place. Les collégiés devaient, par exemple, entendre la messe tous les jours, sous peine d’être privés de « pittance » à déjeuner ou à diner : telle était du moins la règle à Saint-Nicolas. Les pensionnaires de Saint-Martial portaient une robe longue descendant jusqu’aux talons ; leurs feux devaient être éteints tous les soirs, à neuf heures et demie. Chaque écolier avait sa chambre ou cellule, mais tous mangeaient ensemble au réfectoire, en entendant une lecture pieuse. L’ordinaire était d’ailleurs modeste ; deux livres et demie de pain, réduites à deux livres, les jours de jeûne, et deux bouteilles de vin, plus six deniers par jour portés à vingt deniers les jours de fête, pour acheter la viande, le poisson ou les légumes, lesquels devaient être apprêtés en commun. Pour s’habiller, dix florins par an. Il était défendu de sortir du collège, sans autorisation du recteur. Celui qui découchait pendant trois nuits était censuré ; à la quatrième nuit, il était exclu. Défense d’introduire des étrangers et surtout des femmes dans le collège ; celles-ci ne devaient même pas traverser la cour, à peine d’excommunication. À Saint-Nicolas et au Roure, on avait pris soin d’interdire les rixes (à Saint-Martial l’exclusion était prononcée contre tout collégié qui avait frappé trois fois un frère), les blasphèmes, jurons illicites, injures, jeux malhonnêtes, port d’armes, etc. Ces délits et même le séjour sans autorisation à la Bibliothèque étaient punis de trois jours de jeûne et plus en cas de récidive. Le mariage, l’acquisition d’un office importance rapportant au moins quarante livres tournois, ou celle d’un héritage de même ou enfin une absence non autorisée de trois mois, sauf en cas de peste, entraînaient l’exclusion.