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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


la traduction de la dépêche de Panizzardi du 2 novembre, « telle qu’elle a été opérée de concert par les délégués du ministre de la Guerre (Chamoin et Cuignet) et par le délégué du ministre des Affaires étrangères (Paléologue) », montre que l’attaché italien n’avait pas de relations avec Dreyfus ; Schneider, attaché militaire autrichien, s’il l’a cru coupable en 1897, a changé d’avis en 1899. « L’accusation, d’ailleurs, si elle voulait faire appel aux déclarations des étrangers, devrait forcément reconnaître qu’officielles ou non, elles ont été formelles et nombreuses à la décharge de Dreyfus. »

Sur le bordereau annoté et la lettre de l’Empereur allemand : ces allégations ont été « absolument démenties », « sous la foi du serment », par le président Casimir-Perier, les généraux Mercier, Billot, Zurlinden, de Boisdeffre, Gonse, Roget, les lieutenants-colonels Picquart, Du Paty de Clam, Rollin et les autres officiers du service des Renseignements ; « cette légende doit être mise à néant ».

Ballot-Beaupré lisait depuis une heure. Il s’arrêta un instant, puis, de sa même voix claire et grave, où perçait pourtant l’émotion d’une telle minute, il reprit :


Attendu, en dernière analyse, que, de l’accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout, et que l’annulation du jugement du conseil de guerre ne laisse rien subsister qui puisse à sa charge être qualifié crime ou délit ;

Attendu, dès lors, que, par application du paragraphe final de l’article 445, aucun renvoi ne doit être prononcé ;

Par ces motifs,

Annule le jugement du conseil de guerre de Rennes qui, le 9 septembre 1899, a condamné Dreyfus à dix ans de détention et à la dégradation militaire,

Dit que c’est par erreur et à tort que cette condamnation a été prononcée…