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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


celui de 1899. » Puis, une nouvelle accusation : « Pendant plus de deux ans, des dépositions écrites se sont accumulées ; il a été matériellement impossible aux conseillers des Chambres réunies de prendre connaissance de toutes les pièces du dossier ; ils ont été obligés de s’en rapporter aux citations qu’on a bien voulu leur faire… »

Et qui, probablement, furent falsifiées ou tronquées.

Dubost, qui préside, cherche à rétablir le calme : « Vous n’avez aucun intérêt, dit-il à la gauche, à ne pas laisser se continuer dans le silence le plus complet la défense que présente M. le général Mercier. »

Mercier, aussitôt, relève le mot ; il n’est pas, il ne sera pas un accusé : « Ce n’est pas une défense… Je ne présente pas ma défense. Je donne l’explication de mon vote. » Et voici l’explication : Quand il compare les procédés de la Revision à ceux du conseil de guerre de Rennes, il est obligé de dire que les débats de Rennes ont été plus probants que ceux de la Cour de cassation ; que, « dans ces conditions, sa conviction, acquise par les débats de 1899, n’est nullement ébranlée, et que sa conscience ne lui permet pas… »

Ce mot de « conscience », dans une telle bouche après tant de malheurs, de troubles et de crimes dont il a été la cause, fait éclater à nouveau les huées. Mais Mercier ne bronche pas, insensible, cynique, et trois fois, quatre fois répète le mot, finit par achever sa phrase : « Ma conscience ne me permet pas de m’associer au vote que vous allez émettre. »

Il se trouva, à droite, des sénateurs pour l’applaudir.

Le vieux Delpech, qui avait été des combattants de la première heure, Barthou, qu’on avait fait venir de la Chambre, réclament la parole. Delpech rappelle le discours de Waldeck-Rousseau sur l’amnistie : « La justice