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LE PETIT BLEU
question en suspens. En conséquence, je vous prie de me la donner par écrit pour pouvoir juger si je peux continuer mes relations avec la maison R. ou non.

Signé : C.

Côté de l’adresse :

Monsieur le Commandant Esterhazy,
27, rue de la Bienfaisance,
Paris.

Le petit bleu n’était pas timbré ; le destinataire ne l’avait donc pas reçu ; l’expéditeur l’avait déchiré sans l’envoyer.

Lauth entra aussitôt, et contre son habitude[1], dans le cabinet de Picquart, lui tendit la carte reconstituée et s’écria : « C’est effrayant ! Est-ce qu’il y en aurait encore un[2] ? »

Picquart lut la pièce, la serra dans son tiroir et réfléchit[3].

  1. « Il vint, exprès dans mon bureau pour me montrer la pièce éminemment compromettante que formait la réunion des fragments. » (Enq. Pellieux, 26 nov. 1897, Picquart.) — De même, Lauth : « Je suis entré directement dans le cabinet du colonel… » (28 nov.) « Je l’ai porté contre mon habitude au colonel. » (Instr. Ravary, 13 déc). Etc.
  2. Enq. Pellieux, 28 nov. ; Instr. Ravary, 13 déc, Lauth ; Cass., I, 144 ; Rennes, I, 417, Picquart ; etc.
  3. Instr. Tavernier, 3 oct., Lauth : « Je n’ai pas le souvenir que le colonel ait manifesté une surprise spéciale ou fait une remarque caractéristique. » Rennes, I, 619 : « Il regarda la pièce de tous les côtés. »


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