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LE PETIT BLEU


mand lui avait déjà adressés. S’il y avait eu du feu dans la cheminée, il n’en serait resté que des cendres.

XI

La première impression de Picquart fut conforme à celle de Lauth. Nul doute sur l’origine de la carte, puisque la Bastian ne travaille qu’à l’ambassade d’Allemagne. L’initiale C est une des signatures conventionnelles de Schwarzkoppen. Lauth a trouvé, dans le même lot, des fragments d’une lettre, au crayon noir, d’une écriture semblable[1], et signée de la même initiale[2]. Il y était question d’un envoi de fonds[3], de « conditions trop dures » ; en haut, au crayon bleu : « À faire porter par le concierge. » La lettre commence par ces mots : « Monsieur, je regrette[4]… » Cela semblait se rapporter à la même affaire.

  1. Instr. Tavernier, 31 oct. 1898, Rapport des experts en écriture, Couderc, Étienne Charavay, Varinard.
  2. Enq. Pellieux, 26 nov. 1897, Picquart. — Lauth, qui a recollé cette pièce, prétend d’abord qu’il n’en a gardé aucun souvenir et qu’elle n’existe pas aux archives de la Statistique. — De même, Henry (28 nov.). — Puis, le 2 décembre, la pièce ayant été retrouvée par Gonse, Lauth reconnaît qu’il en a rassemblé les morceaux. — Enfin, à l’instruction Tavernier, Lauth nie que la lettre se soit trouvée dans le même lot que le petit bleu ; la similitude des deux signatures l’aurait frappé (12 oct. 1898). Picquart répond qu’il a été, lui, frappé de cette similitude et qu’il a, en conséquence, prescrit à Lauth de chercher avec soin, dans les autres cornets, s’il ne trouverait pas d’autres fragments de cette lettre (22 oct.).
  3. Cass., I, 144) Picquart : « Je crois bien me souvenir de ces mots : « Mon père m’a envoyé des fonds. »
  4. Instr. Tavernier, 12 oct. 1898, Tavernier, Lauth. — La lettre se termine ainsi : « Ce ne sont pas les derniers. »