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LE PETIT BLEU


(comme à Picquart) qu’il ne l’a pas vu depuis longtemps.

Ou bien cette histoire est un mensonge[1], ce qui expliquerait que Lauth, quand il remit à Picquart le petit bleu reconstitué, ne lui a pas dit que le destinataire était un ami d’Henry.

Lauth et Gribelin, après la découverte du petit bleu, questionnèrent Henry sur son ancien camarade. Henry, apparemment, répondit que c’était un libertin, un homme de plaisir, mais un brave soldat, incapable de trahison.

Un peu plus tard, Gribelin dit à Lauth « qu’il pensait avoir deviné le but que poursuivait le chef de service : « Je crois qu’il s’imagine que le commandant Esterhazy est coupable à la place de Dreyfus[2]. »

Lauth place cette confidence en mai ou en juin[3]. À cette époque, Picquart n’avait établi encore aucun lien entre l’affaire, déjà lointaine, de Dreyfus, et le cas, naissant, d’Esterhazy.

Qui avait soufflé Gribelin ?

XV

Vers le 15 mai, la mère de Picquart tomba malade à Versailles. Il avait pour elle une tendre affection ; il la soigna jour et nuit. Elle mourut le 12 juin. En juillet,

  1. C’est ce que soutient Esterhazy. (Dép. à Londres, Éd. de Paris, 25).
  2. Cass., I, 415, Lauth ; I, 432, Gribelin.
  3. Gribelin la place en juin. (Cass., I, 432.)