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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


damné. Mais il était désormais assuré qu’il y avait un second traître.

À ce point de son enquête, avec cette certitude, il avisa enfin Boisdeffre. Le général était à Vichy. Il lui écrivit qu’il avait une question importante à lui soumettre ; il n’en avait parlé encore à personne, « pas même au général Gonse[1] ».

Boisdeffre répondit lui-même : Quelle est la nature de la question ? Picquart expliqua : Une affaire analogue à celle de 1894. Il se défiait des correspondances ordinaires, peu sûres. Boisdeffre lui fit écrire de venir le trouver, à l’arrivée du train de Vichy, le 5 août[2].

XVI

Picquart songea, d’abord, à se rendre lui-même à l’entrevue dont Foucault était convenu avec Cuers. À la réflexion, il y renonça ; ce n’était pas sa place[3]. Il chargea de cette mission de confiance Lauth[4], tout désigné pour avoir, le premier, en reconstituant le petit bleu, suspecté, touché du doigt la trahison d’Esterhazy. Deux agents sûrs, Tomps[5] et Vuillecard[6], iraient avec lui[7].

Maintenant, Picquart était convaincu de l’infamie d’Esterhazy ; il le dit à Curé[8] ; et il confia à Desver-

  1. Cass., I, 152, Picquart.
  2. Rennes, I, 428, Picquart.
  3. Gonse, note du 3 février 1898. (Instr. Tavernier.)
  4. Cass., I, 151 ; Rennes, I, 424, Picquart ; Cass., I, 418 ; Rennes, I, 621, Lauth.
  5. Commissaire spécial.
  6. Inspecteur.
  7. Rennes, I, 424, Picquart. — Lauth prétend que c’est lui qui réclama Tomps et deux inspecteurs. (Rennes, I, 623.)
  8. Cass., I, 408, Curé.