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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


faisait Lescure, et d’Henry, que Lauth présenta comme un fonctionnaire important de la police[1]. Picquart avait choisi Tomps dans la pensée que ce commissaire spécial, très expert, homme de toute confiance, qui savait très bien l’allemand, prendrait une part décisive à l’entretien[2]. Henry et Lauth ne l’y admirent pas, restèrent seuls avec Cuers. Tomps et Vuillecard s’installèrent dans un hôtel, en face, d’où ils purent voir les trois hommes discuter pendant plus de deux heures[3]. Henry et Lauth déjeunèrent avec Cuers[4]. Vers trois heures de l’après-midi[5], Henry descendit seul[6] et se dirigea du côté de la gare. Tomps et son camarade allèrent le rejoindre : « Oh ! dit Henry, avec sa rondeur familière, il n’y a rien à tirer de ce bonhomme ; j’ai fait le grand chef, je me suis fâché et je suis parti. Je l’ai laissé avec Lauth, qui va essayer encore. » Tomps observa que Cuers aimait autrefois l’absinthe ; il eût mieux valu le faire boire que le chambrer : « Si le capitaine ne réussit pas, voulez-vous que je tente l’affaire ? — Non, non, répliqua Henry ; ce n’est pas la peine[7]. »

Lauth et Cuers causèrent encore, longuement ; Henry les rejoignit. Vers le soir, Lauth et Cuers sortirent ensemble, s’assirent sur un banc des promenades[8]. Henry confia à Tomps qu’on avait décidément échoué ; Tomps renouvela ses offres, qu’Henry rejeta : « Non,

  1. Récit de Cuers à Foucault. (Cass., I, 152 ; Rennes, I, 427, Picquart.)
  2. Rennes, I, 426, Picquart.
  3. Cass., I, 769, Tomps.
  4. Rennes, I, 625, Lauth.
  5. Ibid., III, 362, Tomps.
  6. Cass., I, 419 ; Rennes, I, 624, Lauth.
  7. Cass., I, 769 ; Rennes, III, 362, Tomps.
  8. Cass., 1, 769, Tomps.