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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


sont identiques à ceux que Du Paty lui a faits — mais qu’il fit aussi à vingt autres, à Boucher, à d’Aboville, à Henry ; l’Éclair commente les notes du bordereau comme Du Paty lui-même ; — mais, aussi, comme d’Ormescheville ; — enfin, depuis quelques jours, Du Paty ne vient plus causer au bureau, selon son habitude, des affaires en cours, de celle-ci qui l’intéresse plus que toute autre. Pourquoi cette soudaine réserve ? Picquart l’attribue à quelque pudeur du confident ordinaire de Boisdeffre[1].

Or, Du Paty suivait les manœuvres dans les Charentes[2], absence qui le disculpe, en tous cas, de cette pudeur.

Ainsi, Henry a orienté Picquart d’abord sur les Dreyfus, puis sur Du Paty. Si Du Paty avait été le révélateur, il eût pris soin de ne pas se livrer lui-même ; dès le 10 septembre, le premier article de l’Éclair le met en pleine lumière. Henry, à son ordinaire, reste dans l’ombre.

Marchand, rédacteur à l’Éclair, employé comme traducteur au bureau de statistique[3], avait été, un instant soupçonné. Il donna à Picquart sa parole d’honneur qu’il était étranger à toute divulgation, ajouta « que l’article était venu du dehors[4] et que Boisdeffre était

    et lui ayant dicté une lettre sans témoins. On a cru reconnaître mon style ; il était facile de le pasticher, puisque mon rapport d’officier de police judiciaire, en 1894, était connu de beaucoup de gens, soit à la S. S., soit au cabinet du chef d’État-Major général. » (17 août 1899.) — L’instruction fut close, le 28 juillet 1899, par un non-lieu.

  1. Cass., I, 162, Picquart.
  2. Ibid., I, 443, Du Paty.
  3. Il était en congé ; Picquart le fit revenir par dépêche, l’interrogea bien qu’il ne le suspectât point et l’envoya aux nouvelles. (Instr. Fabre, 62, Marchand ; Cass., I, 166, Picquart.)
  4. Cass., I, 166, Picquart ; 764, Tomps.