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HENRY


crimes[1] » et Drumont que le « Syndicat » avait été assez riche pour se procurer des pièces confidentielles[2]. Le Siècle[3], Zévaès, dans la Petite République[4], furent très durs, injurieux. L’article de Zévaès eût pu paraître dans la Libre Parole : révolutionnaires et antisémites parlaient du même ton, rivalisaient de soupçons outrageants.

Cependant, le coup a porté. Peu à peu, tout le mystère du huis clos s’éclaire ; on voit poindre le jour où les juges, à leur tour, seront jugés.

Une seule pièce restait dans l’ombre : le fac-similé du bordereau. Le 10 novembre, un journal le publia.

En 1894, alors que tous ceux qui avaient reçu des fac-similés du bordereau les avaient rendus[5], l’expert Teyssonnières avait gardé le sien[6]. Le personnage

  1. Intransigeant du 9 novembre 1896.
  2. Libre Parole du 17.
  3. Siècle du 9 : « Bernard Lazare n’a pas eu le courage de faire éditer en France son panégyrique du dégradé ; il a dû, comme les entrepreneurs de publications pornographiques, aller chercher un imprimeur à Bruxelles. »
  4. Petite République du 10 : « Le distingué représentant du high life anarchiste, qui est, en même temps, l’un des plus fidèles admirateurs de Sa Majesté Rothschild, M. Bernard Lazare vient de publier en Belgique une brochure tapageuse. C’est une nouvelle manœuvre dans la campagne sournoisement engagée par les journaux de la finance et de la juiverie pour faire douter l’opinion de la culpabilité du traître… La brochure est moins un essai sincère de réhabilitation d’un innocent, victime d’une erreur judiciaire, qu’une cynique réclame personnelle de la part de celui qui l’a écrite, et cette interprétation est encore la plus honorable pour M. Bernard Lazare. »
  5. Procès Zola, I, 385, Demange ; 469, Teyssonnières.
  6. Il raconta au procès Zola (I, 470) qu’il avait bien rendu, en 1894, les pièces de son dossier, après avoir fait son expertise ; mais que, le 16 novembre 1896 (six jours après la publication du Matin), ce dossier et ces photographies avaient été déposées chez lui par un visiteur inconnu qui, sans demander à le voir, avait laissé son paquet sur une table. Il avait fait,