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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS



X

Quelques jours après ces événements, Esterhazy reçut le quatrième galon[1] et fut désigné pour le poste de major à Dunkerque[2].

Cette affectation ralluma ses colères. Il avait demandé instamment à rester à Paris. On retrouve, ici encore, l’un des traits saisis sur le vif par Balzac : « Les êtres de cette espèce s’habituent à ériger leurs moindres intérêts et chaque vouloir momentané de leurs passions en nécessité ; avec ce système on peut aller loin[3]. » Partant, ceux qui lui font « cette crasse infecte » de l’envoyer à Dunkerque, « dans la garnison la plus au nord de la France », sont des « misérables » ; Freycinet, d’ailleurs, et son directeur de l’infanterie, « un fier gueux, l’ami de tous les Jésuites[4] », le « porc Gallimard[5] », savent bien ce qu’ils font. Lui infliger de tels frais de déplacement, quatre ou cinq mille francs, « absolument au-dessus de ses ressources[6] », et l’éloigner des affaires « où une partie de la dot de sa femme est engagée », c’est le ruiner. Et non seule-

    ment de passe-droits odieux, comme beaucoup de ses camarades, nous a apporté des notes ; il a demandé le secret ; on le lui a promis. M. de Lamase a bien voulu se charger de mettre ces notes en ordre. » Nulle autre indication.

  1. 10 juillet 1892. Il fut nommé au choix.
  2. Au 110e régiment de ligne.
  3. Un ménage de garçon, 93.
  4. Lettre à Isaac, ancien sous-préfet d’Avesnes, octobre 1892, (Fac-similé dans le Siècle du 21 juin 1898.)
  5. Lettre à X…, du 3 octobre 1892. Dans la même lettre : « Je suis de plus en plus dans la m… »
  6. Du 9 octobre 1892, au même.